Catherine Lubetzki

Catherine Lubetzki

Professeure de neurologie

D’ici 10 ans, nous espérons que des traitements de la forme progressive de la sclérose en plaques seront disponibles.

Professeure de neurologie à la faculté de Médecine de Sorbonne Université, Catherine Lubetzki consacre, depuis plus de 30 ans, sa carrière à la recherche sur la sclérose en plaques (SEP). Ses travaux ont permis de mieux comprendre les mécanismes de cette maladie auto-immune qui touche plus de 100 000 personnes en France, et ont ouvert la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques.

Issue d’une famille médicale, c’est le hasard d’un tirage au sort qui amène Catherine Lubetzki à la neurologie. « Nous choisissions nos stages par ordre alphabétique, en fonction de notre nom, se souvient la neurologue. En troisième année, le tirage au sort est tombé sur la lettre M. J’étais donc la dernière de ma promotion à pouvoir choisir. Sortant d’un stage de chirurgie pénible, je m’orientai à contrecœur vers la neurochirurgie parmi les deux options restantes. » Elle découvre finalement un service exceptionnel tant sur le plan humain que professionnel et fait une rencontre fondatrice. « Le chef de service était un homme de grande qualité et reconnu mondialement pour le traitement par chirurgie stéréotaxique des mouvements anormaux. Il nous emmenait au bloc où il opérait  sur des airs d'opéra. C'était extraordinaire de voir les patients cesser subitement de trembler lors de ces traitements neurochirurgicaux suivis, des années plus tard, par les méthodes de stimulation cérébrale profonde », raconte, enthousiaste, la professeure.

Au début de son internat, Catherine Lubetzki passe un an dans le laboratoire de neuropharmacologie du Pr Glowinski au Collège de France. Autre rencontre essentielle qui lui fit découvrir la recherche en neurosciences. Quelques années plus tard, elle commence à s’intéresser à la sclérose en plaques, une maladie auto-immune qui se caractérise par une inflammation chronique du système nerveux et entraîne la destruction de la myéline, la gaine protectrice des fibres nerveuses. Elle génère des troubles moteurs, sensitifs et cognitifs qui peuvent progresser vers un handicap irréversible. « J’étais très touchée par ces jeunes patients de mon âge auxquels on annonçait un diagnostic pour lequel aucun traitement n’était disponible », confie la neurologue.

Du laboratoire au chevet des malades

Pour mieux comprendre cette maladie, la clinicienne poursuit ses recherches dans le laboratoire de neurochimie de la Pitié-Salpêtrière, entamant une collaboration fructueuse, avec le Dr Boris Zalc, spécialiste des lipides du système nerveux. Durant sa thèse sous sa supervision, elle travaille sur les oligodendrocytes, les cellules du système nerveux central qui synthétisent la myéline. Elle enchaîne ensuite les stages d’interne dans différents services d'Île-De-France avant de devenir cheffe de clinique à la Pitié-Salpêtrière aux côtés de neurologues de renom comme Olivier Lyon Caen et Yves Agid, membres fondateurs de l’Institut du Cerveau.

Dans les années 90, elle met au point, avec ses collègues, un modèle pour étudier in vitro le phénomène de myélinisation (formation d’une gaine de myéline). Pour réussir, il faut du travail, des idées, mais aussi une part de chance. « Un soir, nous avions oublié dans l’étuve une boîte de Pétri qui contenait des oligodendrocytes et d’autres cellules nerveuses. Le lendemain, nous avons remarqué que les cellules avaient un double contour très évocateur de la myéline. Nous avions réussi ! ». Avec ce modèle facile à manipuler, elle explore de nombreuses questions fondamentales et démontre notamment la spécificité axonale de la myélinisation et le rôle clef de l’activité électrique. Depuis, elle n’a jamais cessé de combiner recherche et clinique. « Nous avons la chance à la Pitié-Salpêtrière de pouvoir faire les deux activités sur le même site », un « luxe » selon celle qui fut pendant une dizaine d’années la cheffe du département de neurologie et la coordinatrice du centre de recherche clinique de la SEP.

Responsable depuis 2019 du département médico-universitaire de neurosciences de l’APHP-Sorbonne Université, Catherine Lubetzki est la première femme à recevoir, en 2019, le prestigieux prix Charcot. Deux ans plus tard, elle est lauréate du 7e prix international Pasteur-Weizmann pour ses recherches consacrées à la régénération de la myéline dans le traitement de cette maladie invalidante.

Une médecine en marche

Au fil des années, la recherche sur cette pathologie, qui touche plus fréquemment les femmes, a connu des avancées significatives. Le développement, depuis le milieu des années 1990 de traitement immunomodulateurs, puis immunosuppresseurs, a permis de contrôler l’inflammation et de prévenir les poussées dans les formes rémittentes, qui représentent 85% des cas dans les périodes initiales de la maladie. Cette avancée, qui se poursuit, a transformé la vie de milliers de patients. « On a pu observer une diminution de plus de 80%  des nouvelles lésions selon les molécules. Une vraie success story ! Mais certains patients, malgré un traitement bien conduit et une disparition quasi complète des poussées, continuent à développer à bas bruit une aggravation lente et continue des symptômes neurologiques. C’est la progression dite "silencieuse" ou "indépendante de l’inflammation". En outre, dans 15% des cas, la sclérose en plaques évolue d’emblée de façon progressive », précise la neurologue.

Nous avons la chance, à la Pitié-Salpêtrière, de pouvoir faire de la recherche et de la clinique sur le même site.

Si le challenge des années 2000 a été de traiter les poussées, celui des années 2020 est d’empêcher la progression du handicap liée à la neurodégénérescence, en favorisant la régénération de la myéline (la remyélinisation) ou la neuroprotection. De nombreuses études visant à développer des traitements remyélinisants sont en cours au niveau international. Parmi elles, un essai thérapeutique issu des recherches de la neurologue. « En 1996, avec Bruno Stankoff, collaborateur de longue date avec qui je co-dirige l’équipe de recherche actuelle, nous avons montré que si nous bloquions l'activité électrique des neurones, nous inhibions la myélinisation, et inversement. Et après des années de stratégie préclinique, nous sommes passés depuis peu à la translation clinique. En partenariat avec l’hôpital des Quinze-Vingts, nous évaluons, dans le cadre d’un essai thérapeutique, l’effet de la stimulation de l’activité électrique sur la remyélinisation en envoyant des impulsions électriques dans le nerf optique chez des patients atteints de SEP ayant eu récemment une névrite optique, qui détruit la myéline du nerf optique. L’essai est bien avancé et nous espérons avoir les premiers résultats d’ici moins d’un an », indique-t-elle.

Par ailleurs, la neurologue suit de près les autres travaux réalisés dans son laboratoire, notamment une étude visant à tester des molécules qui favorisent la myélinisation. « A l’Institut du Cerveau, nous bénéficions d’un fort maillage entre clinique, recherche fondamentale et recherche industrielle. Nous avons besoin des industriels pour mener des essais thérapeutiques de grande taille, explique la clinicienne-chercheuse. D’ici 10 ans, nous espérons que des traitements de la forme progressive de la SEP seront disponibles pour les patients ».

Son équipe comporte des spécialistes de l’imagerie dans la SEP, neurobiologistes, cliniciens et experts de recherche clinique, ce qui permet une recherche multidisciplinaire. En ce qui concerne la recherche sur l'imagerie - outil indispensable pour évaluer l’efficacité des traitements -, « Bruno Stankoff a développé, il y a quinze ans, une méthode qui permet de quantifier le contenu en myéline des lésions dans le cerveau des patients. Ce marqueur d'efficacité est essentiel pour suivre les processus de démyélinisation ou de remyélinisation et tester de nouveaux traitements », explique-t-elle.

D’autres études pour comprendre les causes de cette maladie multifactorielle sont menées à l’Institut du Cerveau. Elles portent, entre autres, sur le rôle des facteurs de l'environnement (comme les perturbateurs endocriniens), les interactions entre axones et cellules immunitaires du système nerveux central, et leurs impacts sur la myélinisation et la réparation myélinique .

Transmettre

Vice-présidente de la Fondation Sorbonne Université depuis 2018, Catherine Lubetzki est aujourd’hui directrice médicale de l’Institut du Cerveau, une responsabilité qu’elle exerce en parallèle de son activité clinique. Pour encourager les carrières de clinicien-chercheur, elle est persuadée qu’il est essentiel de favoriser les interactions : ainsi l’Institut du Cerveau a développé le programme STARE qui propose aux étudiants et étudiantes de médecine de passer une à deux semaines dans une équipe de recherche de l’Institut. « Le programme Déclic incite, quant à lui, les chercheurs à rencontrer cliniciens et patients pour mieux comprendre les maladies sur lesquelles ils travaillent. Nous mettons également en place des programmes pour les paramédicaux et venons de lancer des contrats d’interface Institut du Cerveau-APHP qui offrent la possibilité à de jeunes cliniciens et cliniciennes de se consacrer à la recherche pendant 3 ans. »

Rapprocher recherche et clinique est selon la neurologue l’un des moyens pour développer des innovations disruptives. « Il est important de pouvoir faire un pas de côté pour sortir des sentiers battus, mais aussi de rester à jour technologiquement. L’intelligence artificielle nous permet, par exemple, d’utiliser les données à disposition de la communauté scientifique pour poser de nouvelles questions sans avoir à refaire d'expérimentation », indique-t-elle.

Modèle pour les étudiantes en médecine, Catherine Lubetzki est plus largement un exemple pour tous ceux qui souhaitent mener de front recherche de pointe, activité clinique et responsabilité de haut niveau.

En quelques dates :

•    1984 : Cursus de neurologie à la faculté de médecine de l’Université Paris Cité
•    1993 : Thèse de neurosciences à la faculté des Sciences de Sorbonne Université
•    1996 : Professeure de neurologie à la faculté de Médecine de Sorbonne Université, elle démontre le rôle de l'activité électrique dans l'induction de la myélinisation  
•    2008 : Grand Prix scientifique de la Fondation NRJ
•    2012 : Cheffe du département de neurologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière
•    2002-2011 : Présidente du comité scientifique de l'Association française de recherche sur la sclérose en plaques
•    2018-  : Vice-présidente de la Fondation Sorbonne Université
•    2019- : Directrice médicale de l’Institut du Cerveau, elle reçoit le prix Charcot de la Fédération internationale de la sclérose en plaques
•    2021 : Prix Pasteur-Weizmann

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